Bonjour Jérôme, merci de prendre le temps de répondre à nos questions, pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous rapidement vous présenter ?
Je suis avant tout un passionné du panda géant mais aussi le fondateur et l’auteur et éditeur du site internet d’informations et d’actualités www.panda.fr dédié entièrement à l’espèce. L’objectif du site est de sensibiliser et d’informer sur le statut de l’espèce et de son habitat et plus largement de promouvoir une éducation à la conservation. Depuis 2012, je suis également Pambassadeur (littéralement un ambassadeur du panda), après une sélection opérée par la base des pandas de Chengdu.
Quel est votre histoire et votre parcours ?
Bien au delà du panda géant, je suis passionné par la faune, la flore, la biodiversité qui nous entourent et la richesse des écosystèmes qui composent le patrimoine naturel de notre planète Terre. Diplômé d’un Master professionnel en écologie et développement durable, je n’ai cesse de rappeler les menaces qui pèsent sur notre environnement naturel, menaces qui fragilisent la capacité des générations futures à assurer leur développement dans des conditions environnementales favorables. Je suis intimement convaincu que la conservation des espèces, des habitats et des écosystèmes est la clef de la survie de nos générations futures.
D’où vous vient cette passion des pandas ?
Ma passion et mon intérêt pour les pandas remontent à mon enfance, lorsque j’ai reçu une de mes premières peluches, il s’agissait d’un panda. Progressivement, mon attrait pour cet ours bicolore a évolué d’une passion enfantine à une passion plus scientifique, plus mûre. Rapidement, j’ai souhaité me procurer la bible du panda, c’est-à-dire le livre scientifique socle des premières études in situ menées par l’équipe sino-américaine sous l’égide du biologiste américain George Schaller au début des années 1980 dans la réserve naturelle de Wolong. Concomitamment, je voyais mon premier panda, j’avais presque 17 ans et il s’agissait de Yen Yen qui vivait alors au zoo de Vincennes et qui avait été offert par le Premier ministre chinois de l’époque, Zhou Enlai, au Président Georges Pompidou lors d’un voyage officiel du Président français en Chine.
Tout s’enchaîne. Je multiplie les contacts aux quatre coins du monde avec les autres « pandamaniaques » grâce à l’avènement d’internet. En 2002, je crée la première version du site internet.
Dites-nous tout ce qu’il faut savoir sur les pandas ?
Par où commencer ? Pour tout savoir sur les pandas, je n’aurais qu’un seul conseil : parcourir mon site internet (www.panda.fr) !
Mais profitons de cette question pour tordre le cou à quelques idées reçues. C’est une espèce beaucoup caricaturée par les articles journalistiques non scientifiques. Le panda n’est ni fainéant, ni en manque de « libido », ni dans une impasse évolutive. Tous ceux qui prétendent ces inepties, soit analysent l’espèce sous un regard anthropomorphique, soit méconnaissent ses particularités biologiques et écologiques. Analyser le comportement animal au travers du prisme des comportements humains est très réducteur et pire dénote la volonté de l’humain de se prévaloir comme « espèce de référence ».
Il faut surtout retenir que le panda géant fait parti d’un écosystème unique peuplé de centaines d’autres espèces animales et végétales, dont plusieurs sont endémiques à cette aire géographique, et que ce milieu est menacé par l’empiétement et l’étalement humains qui ont pour conséquence une contraction et une fragmentation de ces habitats.
Le panda géant reste menacé, tout comme son habitat, et les efforts de conservation entrepris par la Chine doivent se poursuivre pour espérer voir persister cet écosystème unique et ses habitants.
Où pouvons-nous observer des pandas en France et dans le monde ?
A ce jour, un seul zoo en France expose des pandas géants. Il s’agit du zooparc de Beauval qui héberge un couple (le mâle Yuan Zi et la femelle Huan Huan) prêté depuis janvier 2012 par la Chine et un jeune panda mâle né au parc en août 2017 (Yuan Meng).
Plusieurs zoos européens ont reçu des pandas ces dernières années ce qui en fait aujourd’hui le continent avec le plus de pandas captifs (après la Chine). Deux zoos européens ont connu cette année des naissances exceptionnelles de jumeaux : le parc belge de Pairi Daiza et le zoo de Berlin, où les visiteurs devraient s’empresser d’aller dès que les jeunes pandas seront visibles.
A ce jour, hors de Chine, 24 zoos, dans 20 pays (Taïwan exclus) hébergent un ou plusieurs pandas pour un total de 64 pandas captifs. Ce chiffre évoluant régulièrement, le mieux est d’aller voir sur la page spécifique de mon site :
https://www.panda.fr/ou-voir-des-pandas.html
Pouvez-vous nous parler de votre titre d’ambassadeur des pandas de Chengdu ? En quoi cela consiste t’il ?
En 2012, je décroche le titre d’ambassadeur des pandas de Chengdu (Chengdu Pambassador), ce qui m’amène en Chine, pays ancestral de l’ours noir et blanc. Ambassadeur des pandas, c’est à la fois mieux connaître l’espèce, comprendre quelles sont les menaces qui pèsent sur elle et son habitat, comprendre comment elle est élevée en captivité, quelles sont les recherches qui mobilisent nombre d’experts chinois et occidentaux, mais surtout transmettre toutes ces connaissances au plus grand nombre, sensibiliser, communiquer, expliquer, éduquer à la conservation.
Durant ce projet, j’ai partagé pendant trois mois en 2013 le quotidien des soigneurs, vétérinaires et scientifiques de la base de recherches de Chengdu sur l’élevage du panda géant (Chengdu research base of giant panda breeding). Ce même projet m’a amené à effectuer un tour du monde des zoos qui exposent le panda géant en captivité où j’ai pu rencontrer le personnel et mener des actions d’éducation à la conservation avec le public.
Pour un passionné du panda, c’était une opportunité extraordinaire de s’immerger aux plus près des acteurs de la conservation de l’espèce mais aussi d’être au plus près des animaux.
Quel est votre meilleur souvenir auprès des pandas et des animaux ?
Sans aucun les séquences d’interaction directe avec les pandas, notamment lors de training médical. Il s’agit de faire adopter à l’animal telle ou telle position en échange d’une récompense, et ce pour faciliter la pratique d’examens vétérinaires (par exemple une prise de sang) sans devoir anesthésier l’animal. La relation de confiance entre l’animal et son soigneur est alors au maximum et cet instant est extraordinaire.
Vous avez à de nombreuses reprises contribuer à la rédaction d’articles dans des revues et magazines, pouvez-vous nous en citer quelques-unes ?
En effet, écrire est une des façons d’informer et de sensibiliser. J’ai écrit plusieurs articles pour le magazine bilingue « Giant panda » de la base de Chengdu. Je suis également l’auteur du chapitre « La conservation in situ du panda géant, ours entouré de symboles et au rayonnement international, se joue aussi à l’échelon local dans des projets intégrés de conservation et de développement » dans l’ouvrage universitaire « Sous la peau de l’ours – L’humanité et les ursidés : approche interdisciplinaire » sous la direction de Karen HOFFMANN-SCHICKEL, Pierre LE ROUX et Éric NAVET aux éditions Connaissances et savoirs. Ce chapitre balaie de nombreux sujets liés au panda : son existence dans la Chine millénaire, sa découverte scientifique par un français, la diplomatie du panda, les efforts de conservation, les projets de développement des populations locales en lien avec la protection du panda.
Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs s’ils souhaitent à leur échelle, contribuer à la protection et préservation des animaux ?
Il est toujours difficile de s’investir concrètement pour une espèce qui vit dans un territoire très lointain. Mais les maux dont souffre le panda géant ne diffèrent guère des menaces qui pèsent sur la faune et la flore en général, à savoir la contraction, la raréfaction et la fragmentation des écosystèmes naturels.
Au quotidien, il est primordial d’essayer de limiter notre impact sur les ressources naturelles et sur notre environnement plus largement.
Nous vivons sur une planète où les ressources ne sont pas infinies ; or nos modes de vie et la croissance exponentielle de la population humaine se font au détriment de l’équilibre entre milieux naturels, espèces et homme. Ce dernier est et sera une des victimes du tarissement des ressources, de la disparition des espèces et des écosystèmes.
Diminuer son empreinte écologique et promouvoir la conservation des habitats et des espèces sont la clef pour renverser la situation.
Quels sont vos projets actuels et qu’envisagez-vous d’entreprendre prochainement ?
Ma principale activité en ce moment consiste en la publication d’articles sur mon site pour continuer à informer sur le statut du panda géant, sa situation dans le milieu naturel, les projets de la Chine en matière de conservation de l’habitat du panda.
Vous êtes l’auteur de deux brochures consacrées aux pandas, pouvez-vous nous en parler et nous indiquer où les acheter ?
En effet, j’ai conçu deux brochures sur le panda.
La première de 52 pages, intitulée « Pandas géants, ambassadeurs de la conservation », traite des grandes caractéristiques de l’espèce : son habitat, sa répartition, sa représentation dans l’histoire, sa découverte par le naturaliste et missionnaire français Armand David, sa première description, son alimentation, ses adaptations au régime particulier en bambous, comment il communique, sa reproduction, la naissance et le développement du jeune panda, ses ancêtres, les menaces qui pèsent sur lui et son habitat, les débuts de la conservation et les derniers efforts en ce sens, les réserves naturelles, le programme de réintroduction, le panda en captivité, la base de recherches de Chengdu et les autres institutions en Chine, les pandas en France dans le passé et actuellement, un tour du monde de plusieurs zoos qui l’hébergent en captivité. Une double page consacrée au panda roux, l’autre panda, clôture la brochure.
La seconde, intitulée « En immersion à la base des pandas de Chengdu », se présente sous la forme d’un récit de mes activités à Chengdu lors du programme Chengdu Pambassador auquel j’ai participé en 2012 et 2013. Elle présente le symbole du panda à Chengdu, ce qu’est la base de recherches et d’élevage de Chengdu, le rôle des soigneurs, vétérinaires et scientifiques à la base, la gestion du bambou, le défi de la reproduction en captivité et des soins aux bébés pandas, l’investissement de la base dans la recherche scientifique, la mission centrale d’éducation à la conservation et la coopération à l’international.
Elles sont vendues chacune au prix de 15€ hors frais de port, pour en savoir plus :https://www.panda.fr/boutique.html
et pour les commander : contact@panda.fr